Choisy le roi, 23h12, il fait froid sur le quai
Dans le wagon, rien d'autre a penser qu'au flou de mon avenir même proche, que me generation, est la première a moins bien vivre que celle de nos parents. Je me trouve déja ridicule.
J'arrive a Austerlitz, un bastion de CRS.
Quai de la ligne 5, il fait toujours froid, du vomis sur le quai.
Dans le wagon les gens ont les trais tirés, un homme rentre de justesse, manque de se casser la figure, tente de rattraper son ombre de poil de fierté perdue par un sourire se voulant complice avec les passagers qui tournent le regard sans sourciller. Deux personnes regardent dans le wagon d'a coté.
Station Republique, atmosphere plus pesante encore, le flux de passagers est haletant, de loin, un long bras laissant deviner un poing s'applique violemment sur la figure de quelqu'un de wagon a quai, j'avance, comme tout le monde, de derriere, sur le quai, un petit homme avec les longs cheuveux sales, probablement un sdf se dresse devant un autre homme trés grand de probablement la 60aine, petites lunettes, beret, l'air de rien, valise a la main, poing levé prés de son torse, un air de menace testosteroneuse faisant un étrange contraste avec le reste. Les portes se ferment, le petit homme tente de rattraper ce qu'il lui reste de fierté en feintant de vouloir rentrer a ce moment la sans grande conviction. Plus loin... les deux même sdf vus a mon départ 8 heures plus tôt, un autre par terre en plus.
Changement pour la ligne 11, des gens dorment par terre.
Arrivée Goncourt, a la sortie, un homme déja croisé 1 mois avant, le visage eclaté, la bave au levres, me marmonne un charabia impossible. Je comprend "j'ais changé de visage!", comme un con que je lui demande s'il veut que j'apelle un medecin, il hurle, me dit qu'il a juste besoin d'un euro, je lui donne, essaie de rattraper mon peu de fierté en tentant dans ces 30 secondes interminables d'être récomfortant. Trois grands hommes arrivent sûrement, tenues de travail, costards, vestes, la 50aine fringuante, je les entend dire "ca va ca va je lui ais déja donné 70 centimes", l'un deux me jette un regard complice, je savais pas que j'avais cette gueule. Il lui tappe sur l'épaule pour mieux l'ecarter de la borne d'argent qui apparemment constituait la seule raison de l'assurance de sa démarche. Comme un con, comme pour prendre partis, la lutte des classes, toutes ces conneries, je souhaite une bonne soirée au paumé, j'ais envie de demander les raisons d'une telle condescendance aux autres, je le fait pas, je m'en branle, je reste 5 secondes a 5 metres d'eux "au cas ou".
Je rentre chez moi, il fait encore froid, je me met a chialer, demain matin je me leverai sans cheuveux etrangers sur mon visage, sans sourires (ou pas), sans caresse tendre ni baiser leger, sans joues a tendrement toucher du revers de la main, sans personne a entourer de l'alcôve de mes bras...
Il me reste la moitié d'une bouteille de sake, je la bois trés vite...
J'essaie d'en avoir rien a foutre mais il n'y a pas moyen, je joue le cynique mais je suis juste hypersensible...
Me démarche rampante est juste un peu plus lesté que la moyenne...